Dopamine… de rien : comment les écrans captent l’attention (de nos enfants)

S’il est parfois si difficile de se défaire des écrans, c’est aussi parce que les professionnels font appel à des techniques scientifiques pour accaparer notre attention. Mon enfant et les écrans vous éclaire sur cette captation de l’attention et vous donne quelques conseils pour en limiter l’impact pour votre enfant.

Une lutte inégale

Le business model d’entreprises du numérique comme Google ou Facebook – pour ne citer qu’elles – repose sur le temps que nous passons sur ces médias. D’où leur besoin de capter notre attention !

« Dans cette guerre des acteurs, le vainqueur sera celui qui sera parvenu à capturer notre attention le plus longtemps possible », indique ainsi Myriam Chammat, cofondatrice du think tank Chiasma.

L’hormone du bonheur : la dopamine

Pour capter notre attention et celle de nos enfants, certains acteurs du web ont recours à de la psychologie comportementale à grande échelle. Mais aussi à des méthodes scientifiques, développées notamment au sein du Persuasive Technology Lab de l’université de Stanford.

Au cœur du travail des chercheurs, la notion de plaisir ! Quand on clique sur un contenu et que celui-ci se dévoile, un « circuit de récompense » s’active dans notre cerveau. L’organisme produit alors de la dopamine, autrement connue sous le nom d’hormone du plaisir. C’est sur cette réponse chimique que repose « l’usage excessif » aux écrans.

Quelques exemples concrets ?

Les écrans regorgent de fonctionnalités et astuces pour nous retenir captifs :

  • Les likes sur les réseaux sociaux flattent l’ego en donnant le sentiment d’être écouté et approuvé.
  • Les vidéos qui se lancent en auto-play laissent finalement très peu de place au choix.
  • Les notifications qui interpellent sur tout et n’importe quoi : untel a posté une photo, ton stock de vies est plein sur notre jeu, allez, viens jouer…
  • Plus subtile, l’introduction sur les messageries des fonctions « Lu », puis des points de suspension qui vous indiquent que votre interlocuteur est en train de répondre s’avèrent très efficaces pour inciter à rester connecté et guetter une réponse !
L’alerte est lancée

Il importe de préserver votre enfant de toutes ces sollicitations potentielles. Car son attention est d’autant plus précieuse qu’elle est limitée (tout comme la nôtre d’ailleurs). Une fois ses ressources attentionnelles consommées par les écrans, l’enfant est comme privé de sa capacité à se concentrer. À la clé : distraction, confusion ou sentiment d’éparpillement pouvant aller jusqu’à entraîner des troubles de l’apprentissage.

Comment réagir ?

Tout d’abord, il faut prendre conscience des mécanismes de captation de l’attention, pour ensuite les expliquer à votre enfant. Faites-lui comprendre en termes adaptés à son âge que son attention ne doit pas être « offerte » à n’importe qui, n’importe quand. À ces explications doivent s’ajouter des mesures simples et de bon sens.

Moins de sollicitations

Prémunissez votre enfant en réduisant le flot continu d’informations qui lui parviennent contre son gré. Ce qui suppose a minima de désactiver les notifications et les autoplays. Et aussi d’installer un adblock (bloqueur publicitaire).

Plus de contrôle parental

Les logiciels de contrôle parental permettent de définir une durée limite d’exposition aux écrans, y compris aux réseaux sociaux pour les plus grands ! Vous pouvez également régler l’écran en mode noir & blanc. Une astuce originale pour réduire l’attractivité des contenus web.

De la patience aussi

En tant que parents, nous sommes souvent pris par l’accélération de la vie. Mais, nous devons veiller à ne pas transmettre cette impatience à nos enfants.

« Dès le début de la vie, le calendrier physiologique ou psychologique d’un enfant peut être bousculé au profit du calendrier des idéaux des parents », s’inquiète ainsi Patrice Huerre, pédopsychiatre. « Un enfant qui rêvasse, on va lui dire de s’activer. Or, la surstimulation aboutit à développer chez l’enfant un sentiment que pour exister, il faut s’exciter… »

Organiser des temps de déconnexion participe aussi à lutter contre le besoin d’immédiateté que les écrans ont renforcé.


L’essentiel

  • Sur internet, les contenus gratuits se paient avec une monnaie impalpable : notre attention !
  • La captation de l’attention repose sur des procédés scientifiques.
  • La dopamine (hormone du plaisir) explique en partie l’abus d’écrans.
  • Une surconsommation des écrans peut entraîner des troubles de l’apprentissage.
  • Contrôlez le temps d’exposition aux écrans et aménagez des plages de déconnexion pour toute la famille.

Pour aller plus loin
  • Sur Arte, une série de courts documentaires a décortiqué les phénomènes addictifs sur le web, plateforme par plateforme. Des plus instructifs ! (émissions pour les plus grands enfants pré ado et ado et parents)