Sexting, une pratique à risque !

sextingContraction des termes « sexe » et « texting », le sexting est une pratique largement répandue chez les adolescents comme chez les plus âgés. A quoi ce nouveau mode de séduction expose-t-il nos enfants en cas de revirement de situation ? Mon enfant et les écrans décrypte avec vous cette tendance à prendre avec des pincettes.

Le sexting, quezako ?

Entrent dans l’univers du sexting des contenus divers qui ont pour point de départ l’envie de partager un moment d’intimité avec son partenaire ou son futur partenaire.

Définition

Envoyer des textos ou des photos érotiques ou explicitement sexuels, partager des vidéos suggestives ou d’ébats sexuels : tous ces contenus peuvent être qualifiés de sexting. Parfois comparé à des préliminaires 2.0, il nourrit le désir dans un couple ou entretient un jeu de séduction entre des partenaires qui cherchent à se rapprocher. Cette pratique, qui a connu un essor surprenant pendant le confinement repose sur la confiance mutuelle. En effet, les contenus étant échangés de manière privée dans la sphère strictement intime.

Un phénomène normalisé chez les jeunes

Objet de convoitise chez les plus jeunes, le portable apparaît comme un facilitateur des relations sentimentales. Si 85% des adolescents en possèdent un, un quart d’entre eux avoue avoir déjà reçu un sexto. De plus un cinquième pratique le sexting de manière régulière. Des chiffres constatés à l’occasion d’un sondage mené par BVA pour Wiko.

La prudence, mère de toutes les vertus

Le problème du sexting repose sur le fait de perdre le contrôle de la diffusion de ses contenus intimes. Quand on sait que même les photos supprimées rapidement ne disparaissent jamais totalement d’Internet, on peut se demander s’il est réellement prudent de confier des images de soi à caractère sexuel à une tierce personne, aussi bienveillante semble-t-elle. Que deviendront ces images quand la rupture sera consommée ? Et comment faire si elles tombent entre de mauvaises mains ?

Les dérives du sexting

Pratiquer le sexting n’est pas sans conséquences pour nos adolescents. Tour d’horizon des risques qu’ils encourent…

Le sexting à l’origine de troubles psychiques et de comportements à risques

Selon une récente étude canadienne, le sexting n’est pas une pratique anodine chez les adolescents. Le fait d’échanger des sextos est un mode de relation inapproprié pour leur âge. Et qui de plus perturbe le prisme par lequel ils lisent les interactions sentimentales. Banalisation des relations sexuelles, passage à l’acte précoce, multiplication du nombre de partenaires, faible utilisation de contraceptifs ou consommation de drogues : autant de comportements à risques qui peuvent être induits par le fait d’être exposé trop jeune au sexting.

La sextorsion, ou la frontière ténue entre libre arbitre et dépendance affective

Le sexting n’est pas mal en soi du moment où il s’agit d’une pratique librement consentie par les deux parties. Dans l’univers cloisonné des adolescents qui ne possèdent pas encore tous les codes d’une relation saine et équilibrée, certains d’entre eux peuvent accepter « par amour » de se laisser aller au sexting pour gagner le cœur de l’être aimé, ou pour le conserver. Or, pousser une personne à partager des nudes, ces photos érotiques aux poses sexy, est une forme d’extorsion qui relève d’une infraction pénale.

Le revenge porn, un fléau grandissant

De plus en plus médiatisé à travers des téléfilms ou des documentaires, le revenge porn consiste à se venger d’une personne en rendant public des contenus à caractère sexuel dans le but de l’humilier. Cette réaction violente fait suite par exemple à une brusque séparation. Ou encore à une trahison non digérée ou à une jalousie maladive. Avec la puissance de frappe d’Internet, la circulation de telles images peut rapidement devenir virale. Et ainsi entraîner de lourdes conséquences pour les victimes. Accablées par la honte et la culpabilité, elles parlent souvent de vies saccagées. Le 30 mars 2022, France 2 diffusait le téléfilm « Mise à nu » pour dénoncer les implications du revenge porn.

Comment pratiquer le sexting en toute confiance

Si le sexting n’est pas sans risque, on peut apprendre certaines mesures de prudence à nos enfants pour les prémunir de ses lourdes conséquences.

Prévenir

De faite, aborder en famille la question des photos sur Internet est primordial. Si vous avez du mal à lever certains tabous avec vos adolescents, pourquoi ne pas vous baser sur la lecture d’un article de journal ou le visionnage d’un téléfilm pour engager la discussion. Et ainsi les sensibiliser aux implications de la diffusion d’images de soi. Si vous sentez qu’ils sont désireux de pratiquer le sexting, apprenez-leur à se photographier en toute sécurité. Le principe ? Ne pas envoyer d’images permettant d’être reconnus. Idéalement, on cache son visage, ses piercings, ses tatouages ou le décor de sa chambre !

Guérir

Si votre enfant est malheureusement victime de revenge porn, un seul mot d’ordre : soutenez-le ! Personne n’a le droit de nuire à l’image d’autrui. Et ce même si il a envoyé les contenus de son plein gré. Les victimes ont besoin d’être entourées et accompagnées dans les différentes démarches qui s’offrent à elles pour lutter contre la diffusion de leurs contenus sans consentement :

  • Demandez au destinataire la suppression des images
  • Listez les sites où les photos apparaissent.
  • Pensez également aux alertes Google pour être tenu informé en temps réel de nouvelles diffusions
  • Signalez les contenus vous concernant auprès de PHAROS, le portail officiel de signalement des contenus illicites de l’Internet
  • Constituez un dossier à base de captures d’écrans et portez plainte auprès de la justice ;
  • Faites valoir votre droit à l’effacement des données personnelles litigieuses en ligne tiré de l’art 17 du règlement UE 2016/679 
Quid des peines judiciaires ?

Depuis la loi Lemaire pour une République Numérique de 2016, la diffusion ou les menaces de diffusion d’images ou de vidéos de personnes dénudées sans leur consentement sont interdites. De plus, elles constituent des infractions pénales à la réglementation sur la vie privée et au droit à l’image. Ainsi, elles sont respectivement assorties de peines de prison pouvant aller de 2 à 5 ans et d’amendes comprises entre 60.000 et 75.000€.


L’essentiel

  • Le sexting doit être une pratique librement consentie au sein d’une relation de confiance entre deux partenaires
  • Un adolescent sur quatre a déjà été confronté au sexting
  • Le sexting peut entraîner des troubles psychiques et des comportements à risques chez les adolescents exposés trop jeunes
  • Les adolescents doivent être conscients des risques qu’ils encourent quand ils diffusent des nudes, même dans la sphère privée
  • Le revenge porn est le fait de divulguer des photos à caractère sexuel sans consentement dans le but d’humilier la personne concernée

Pour aller plus loin

Le collectif « Stop Fisha » est né en 2020 pour aider les victimes de porno-divulgation. Cette association menée par une avocate au barreau de Paris se bat au quotidien pour faire retirer les photos intimes d’adolescents sur les réseaux sociaux.