Lecture sur papier ou écran : laquelle choisir ?
Qu’il semble loin le temps où le papier régnait en maître sur nos heures de lecture ! Où seul le livre était associé au plaisir de lire ! À l’ère du digital, les écrans se sont invités dans le quotidien des lecteurs, petits et grands ! Mais la lecture sur support numérique peut-elle réellement se substituer à celle sur papier ? Présente-t-elle des inconvénients, notamment pour les plus jeunes ? Et quels en sont les bénéfices ? Mon enfant et les écrans vous répond.
L’irremplaçable lecture sur papier
Dans l’univers de la lecture comme ailleurs, le numérique a bouleversé les codes. Mais les smartphones, tablettes et autres ordinateurs ne sauront jamais remplacer le support papier. Et c’est la science qui le dit !
Le papier reste indétrônable
En novembre 2018, est parue dans la revue Educational Research Review, une méta-analyse regroupant les résultats de 54 études publiées entre 2000 et 2017. Conduits par des chercheurs de l’université de Valence et de l’institut de technologie de Haïfa, ces travaux ont abouti à une conclusion sans appel : la lecture sur papier donne de bien meilleurs résultats que la lecture numérique en matière de compréhension.
Une expérience sensorielle
La supériorité du papier sur le numérique tiendrait à la nature même du support. C’est ce que révèle une étude publiée en février 2019 dans la revue Frontiers of Psychology, sous la direction des chercheurs Anne Mangen, Gérard Olivier et Jean-Luc Velay. Contrairement aux écrans, le livre est un support riche d’un point de vue sensoriel. L’épaisseur des feuilles, leur texture, leur odeur et le son qu’elles émettent quand on les tourne sont autant d’informations qui parviennent à notre cerveau pendant la lecture. Résultat ? Une meilleure mémorisation des éléments du récit, en lien direct avec la sollicitation de tous nos sens.
Deux façons différentes de lire
La nature du support – numérique ou papier – influe de façon directe sur notre façon de lire. En effet, les mécanismes de la lecture diffèrent selon que le regard se pose sur un écran ou sur une feuille.
Le rôle du scrolling
Quand on lit un livre ou un magazine, on retient les informations notamment en mémorisant la position des mots sur la feuille. Or, ce mécanisme est rendu inopérant lors de la lecture sur écran. En cause ? Le scrolling, qui fait défiler les pages et modifie en continu les repères spatiaux. Un phénomène souligné par les professeurs Thierry Baccino et Véronique Drai-Zerbib dans leur ouvrage La lecture numérique, publié en 2015.
Moins d’abstraction…
La ville de San José (Etats-Unis), a accueilli en mai 2016 la prestigieuse Conférence on Human Factors in Computing Systems. Les chercheurs Geoff Kaufman, de l’université de Pittsburgh, et Mary Flanagan, du Dartmouth Collège, y ont présenté une analyse comparative des différents types de lectures. Selon eux, notre capacité d’abstraction est amoindrie face à un texte sur support numérique. L’écran est donc davantage adapté aux textes contenant des informations concrètes et pratiques.
… mais des capacités cognitives davantage sollicitées
D’un autre côté, la lecture sur écran, à travers l’utilisation des hypertextes et médias enrichis, sollicite davantage les capacités cognitives du lecteur. En effet, il doit construire son parcours de lecture et organiser mentalement des informations dispersées. Le tout associé à une expérience parfois plus ludique que dans la linéarité du papier.
Le boom de la lecture 2.0
Il n’est donc pas question de condamner la lecture numérique qui reste… de la lecture !
Gare aux idées reçues !
D’ailleurs, le saviez-vous ? « La quantité de textes lus, qui déclinait à cause de la télévision, a presque triplé depuis 1980, grâce à tous les textes mis en ligne ». Un constat encourageant, déjà dressé par Claire Bélisle dans son ouvrage Lire dans un monde numérique… en 2011 !
La « web-littérature »
En outre, les écrans ont permis le développement de nouvelles formes littéraires. Apparue en Asie à la fin des années 1990, la web-littérature suscite un vif engouement auprès du public. Le meilleur exemple ? Les Keitai shosetsu, fictions japonaises écrites sur téléphone portable et destinées à être lues sur le même support.
Dédié à la lecture et à l’écriture, le réseau social Wattpad rassemble quant à lui, depuis sa création en 2006, une communauté grandissante qui atteignait 94 millions d’utilisateurs dans le monde fin 2021 (à 80% féminin, majoritairement des générations Y et Z nées entre 1984 et 2010). Dont 5 millions d’auteurs de toutes sortes de styles littéraires, en particulier de la fanfiction. À la clé : une nouvelle forme de lecture participative, en interaction avec les auteurs… Et sans doute quelques vocations suscitées chez les jeunes.
L’essentiel
- La lecture sur papier donne de meilleurs résultats en matière de compréhension.
- L’expérience sensorielle est plus riche face à un support papier.
- Le scrolling empêche de mémoriser la position des mots dans un texte.
- La lecture numérique altère notre capacité d’abstraction.
- Depuis 1980, la quantité de textes lus a presque triplé.
Pour aller plus loin
L’Institut National de l’Audiovisuel a mis en ligne un reportage éclairant, consacré au thème de la lecture numérique.
