Haine en ligne, est-ce vraiment une fatalité ?

haine en ligneDans un univers virtuel, à l’abri derrière les pseudonymes et parfois en toute impunité, la haine en ligne se répand comme une traînée de poudre. Si la liberté d’expression est la pierre angulaire de nos libertés, il n’existe pas pour autant de liberté à porter atteinte à la dignité d’une personne sur les réseaux sociaux. Comment se protéger et protéger nos enfants de la haine autant dans le cyberespace que dans la vie réelle ? Mon enfant et les écrans vous donne des pistes de réflexion…

Définir la haine en ligne

Racisme, antisémitisme, sexisme, homophobie, handiphobie, grossophobie : la haine en ligne peut revêtir un nombre incalculable de formes différentes. Avec un dénominateur commun : elle est souvent crasse. Depuis les propos discriminants jusqu’aux menaces de mort, que regroupe telle exactement ?

Une définition universelle

C’est l’ONU qui s’est confié la lourde tâche de définir ce qu’est la haine en ligne. Dans le cadre de son plan d’action pour la lutte contre les discours de haine, les Nations Unies la définissent comme : « tout type de communication, qu’il s’agisse d’expression orale ou écrite ou de comportement, constituant une atteinte ou utilisant un langage péjoratif ou discriminatoire à l’égard d’une personne ou d’un groupe en raison de leur identité, en d’autres termes, de l’appartenance religieuse, de l’origine ethnique, de la nationalité, de la race, de la couleur de peau, de l’ascendance, du genre ou d’autres facteurs constitutifs de l’identité ». À la fois intolérants et méprisants, les discours de haine s’attaquent donc aux caractéristiques intrinsèques d’un individu ou d’un groupe. Et elles peuvent être véhiculés par toute forme d’expression.

Distinguer la haine en ligne d’autres violences numériques

La cyber-intimidation comme le cyber-harcèlement sont deux formes particulières de haine en ligne. Si les discours de haine incitent à la violence envers un groupe entier, la cyber-intimidation cible un individu précisément. Dès lors que cette cyber-intimidation se reproduit de manière répétée, elle ainsi tombe sous le coup du cyber-harcèlement.

Comment se diffuse la haine en ligne ?

Selon Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, « les médias sociaux servent de porte-voix pour diffuser la haine mondialement ». Sur ces espaces d’expression numériques, des groupes haineux diffusent des publications qui déshumanisent des personnes identifiables. Autre vecteur de la haine en ligne, les trolls ont fait de leur fonds de commerce le fait de s’immiscer dans des conversations anodines pour y déverser leurs propos haineux et ainsi susciter des réactions exacerbées de leur audience.

Tout un arsenal législatif

En ligne, les discours de haine peuvent être partagés facilement, de manière anonyme et à faible coût auprès d’une audience mondiale. S’il est difficile d’effacer les causes profondes de la haine en ligne, le législateur peut tout au moins éviter qu’elle ne se banalise.

L’observatoire de la haine en ligne

Pour tenter d’apporter des solutions cohérentes à la haine en ligne, il est essentiel de comprendre et de surveiller les discours haineux. C’est dans cette perspective d’analyser pour mieux lutter que l’Observatoire de la haine en ligne a vu le jour en juillet 2020. Rattaché à l’Arcom, en charge de la régulation de la communication audiovisuelle et numérique, cet observatoire a pour mission de mesurer la haine en ligne en France, d’en comprendre les mécanismes de propagation et d’identifier les espaces où elle se diffuse aisément. Autant de données statistiques qui favorisent le partage d’informations auprès des acteurs concernés !

La loi « Avia » contre les contenus haineux sur Internet

Portée par la députée Laetitia Avia, la loi du 24/06/2020 contre les contenus haineux sur Internet a permis la création d’un parquet numérique pour mieux poursuivre les auteurs incitant à la haine en ligne. Sous l’égide du parquet de Paris, ce pôle national peut se saisir de toute affaire relevant de la haine en ligne. De leur côté, les « haters » peuvent désormais être jugés en comparution immédiate.

La loi « Séparatisme »

Avec la loi du 24/08/2021 confortant le respect des principes de la République, le législateur a réaffirmé sa volonté de lutter contre la haine en ligne. Pour construire un Internet plus citoyen et plus respectueux de chacun, un cadre de régulation vient responsabiliser les géants du numérique en les exhortant à protéger leurs utilisateurs sous peine de sanctions financières fortes pouvant aller jusqu’à 6% de leur chiffre d’affaires mondial.

Comment réagir en tant que parent ?

29% des 11-16 ans ont déjà été confrontés à des commentaires haineux ou humiliants contre des personnes ou des groupes définis.  Ce chiffre édifiant témoigne à quel point la haine en ligne touche aussi nos enfants.

Apprendre à ses enfants à identifier les conversations problématiques

Les jeunes fréquentent tout une variété de sites, applications et réseaux sociaux avant même qu’ils ne soient connus des adultes. Ces médias parfois peu réglementés constituent un terreau fertile pour diffuser des discours haineux. Et également des propos favorisant la désinformation. D’où l’importance d’aborder avec votre enfant de manière préventive les enjeux de la haine en ligne ! Il est important que les adolescents parviennent à prendre conscience par eux-mêmes de la nature des propos qui sont tenus devant eux et surtout par qui ils le sont.

Signaler de manière systématique les contenus haineux

De par leur mode de fonctionnement, les réseaux sociaux incitent les jeunes à se laisser aller à des réactions spontanées. Ils peuvent même ressentir une certaine culpabilité, tristesse ou colère à ne pas rétorquer suffisamment rapidement. Pour autant, il est impératif d’accompagner votre enfant dans la dénonciation de ces comportements haineux. Faites avec eux des captures d’écran mettant en lumière le contenu visé, le site concerné, la date et l’heure. Apprenez-leur à ne jamais partager un discours haineux. Même s’il s’agit de le dénoncer, en réalité vous ne faites qu’encourager sa propagation. Enfin, signalez systématiquement tout contenu illicite sur le portail officiel Pharos.

Et si mon enfant est l’auteur de discours haineux ?

Derrière un écran, il est parfois facile de se laisser aller à des propos haineux. On estime qu’environ 5% des élèves ont déjà envoyé des contenus haineux. Si votre enfant est concerné, prenez le temps de lui faire comprendre que son comportement n’est pas acceptable. De plus, ce comportement est répréhensible par la loi. Sensibilisez-le aux conséquences que peuvent avoir ses actes sur les victimes particulièrement.

Il est donc de notre devoir à tous d’enseigner à nos enfants ce qu’est un comportement respectueux, empathique et bienveillant sur Internet comme dans le monde physique.


L’essentiel

  • La haine en ligne regroupe tous les comportements discriminants et péjoratifs à l’égard des facteurs d’identité. Et ceci vis à vis d’un groupe ou d’un individu.
  • Les réseaux sociaux sont un terreau fertile pour propager la haine en ligne.
  • La loi « Avia » a mis en place un parquet numérique pour centraliser les affaires les plus significatives.
  • La loi « Séparatisme » oblige les GAFAM à protéger les victimes de haters.
  • Les sites Pharos et Point de contact permettent de signaler tout contenu illicite.

Pour aller plus loin

Radio France publie fréquemment des podcasts pour alerter sur les conséquences désastreuses de la haine en ligne sur la vie de ceux qui la subisse.