Les objets connectés s’invitent à la maison

Préparer un bain, suggérer un film pour la soirée ou même faire le ménage en notre absence : voilà quelques-unes des « prouesses » des objets connectés. S’ils savent nous séduire, leur intrusion dans notre quotidien n’est pourtant pas sans incidences. Visite guidée dans les coulisses de la « maison connectée ».

La monétisation de notre intimité

Aussi utiles puissent-ils nous apparaître, « les objets connectés sont aussi là pour nous espionner », alerte sans détour Vincent Roca, chercheur à l’INRIA, dans une interview accordée en mars 2019 à France Culture.

Vos données valent de l’or

À l’ère du numérique, les régies publicitaires s’emploient à nous « profiler » en définissant avec précision nos habitudes, nos préférences et nos opinions, pour nous proposer des produits et services ciblés, en adéquation avec nos centres d’intérêt supposés.

Des données issues de nos pratiques en ligne, en particulier via nos smartphones, mais de plus en plus via les objets connectés présents dans nos foyers.

Par exemple :

  • « OK Google » ou « Hey Alexa » sont devenus des expressions familières. Mais combien d’entre nous savent que les demandes formulées à un assistant vocal sont stockées sur un serveur distant ? Mises bout à bout, elles finissent par brosser notre portrait avec une étonnante précision.
  • Un simple aspirateur connecté évalue la superficie de notre appartement en même temps qu’il fait le ménage. Croisée avec le prix au mètre carré dans notre arrondissement, cette information donne une indication assez précise de la catégorie socio-professionnelle à laquelle nous appartenons…

Le bon réflexe

N’utilisez pas d’objet connecté sans avoir préalablement défini ses paramètres de confidentialité. Et chaque fois que cela est possible, désactivez tout stockage à distance de vos informations personnelles. Une précaution qui vise à préserver votre intimité ! Pour plus de conseils, vous pouvez consulter le dossier de la CNIL sur les objets connectés.

De réelles failles de sécurité

Si les fabricants d’objets connectés collectent légalement nos données à des fins commerciales avec notre consentement , il n’en va pas de même des pirates informatiques qui les utilisent de façon malveillante. L’enjeu est de taille, quand on sait que la sécurité est le talon d’Achille de nombreux objets connectés actuellement sur le marché.

  • Une caméra de surveillance censée protéger notre habitation peut devenir un véritable espion, si elle est activée à distance par un hacker qui en prend le contrôle. Les images intimes enregistrées à notre insu pouvant alors servir dans le cadre d’un chantage. Ou même d’un cambriolage.
  • Nous avons déjà abordé la question spécifique des jouets connectés ici et ici. Plusieurs modèles ont été signalés par la CNIL en 2017. Vulnérables au piratage, ils portaient gravement atteinte à la vie privée des enfants, notamment via le déclenchement à distance du micro.

Notre conseil

Quand vous ne les utilisez pas, éteignez et déconnectez complètement vos objets. C’est lorsqu’ils sont en veille qu’ils offrent une porte d’entrée idéale aux pirates et autres hackers.

L’environnement mis à rude épreuve

Si le grand public se préoccupe des données transmises par les objets connectés, il ignore tout – ou presque – des enjeux environnementaux liés à leur utilisation. Pourtant la question est loin d’être anodine. Un exemple ? Imaginez que vous soyez assis dans votre canapé et que vous commandiez à votre assistant vocal d’éteindre la lumière. Codé sous forme numérique, votre ordre verbal transiterait via internet jusqu’à un serveur distant situé de l’autre côté de l’Atlantique. Déclinés à l’infini, ces transferts de données numériques contribuent à l’élévation de la température moyenne à la surface du globe. Pour une simple ampoule située à deux mètres de vous…

Notre conseil

Avant tout équipement d’un objet connecté, interrogez-vous sur son utilité : que vous apporte-t-il ? S’agit-il d’un « gadget » ? Quels « coûts » en termes de données personnelles, vie privée, impact environnemental ?


L’essentiel

  • Les objets connectés transmettent vos données personnelles à des serveurs distants.
  • Ces données sont le plus souvent utilisées à des fins publicitaires.
  • Les failles de sécurité des objets connectés sont fréquemment exploitées par des individus malveillants.
  • L’impact écologique des objets connectés est loin d’être négligeable.

Pour aller plus loin

L’émission Télématin diffusée sur France 2 le 20 décembre 2017 a mis à l’honneur les objets connectés e-santé, notamment pour les patients souffrant de pathologies chroniques. Mais qu’en serait-il si ces données étaient « récupérées » par une compagnie d’assurance, pour ne citer que cet exemple ?